Replay de l'émission : Manger un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ...
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Replay de l'émission : Manger un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ...
L'aspartame est un édulcorant de synthèse c'est à dire une molécule qui imite (partiellement) le goût du sucre.
Il est fréquent de constater que les personnes désireuses de gérer leur poids remplacent le sucre par ce type de substances.
En tant que diététicien je trouve ces produits peu pertinents.
Le sucre ne pose problème que lorsqu'il est consommé massivement. 1 cuillère à café de sucre n'apporte qu'une 20aine de calorie soit moins de 1% des besoin énergétique d'une femme de 30 ans moyennement active.
Pour les personnes ayant une consommation raisonnable de sucre l'économie est donc minime.
Pour les personnes ayant des apports massifs en sucre ces produits ne solutionnent rien; ils entretiennent notamment la tendance au « trop » et coupent alors le patient d'un processus intelligent visant à placer la modération au cœur de la démarche.
En tant que clinicien j'ai également pu constater que les gros consommateurs de "light" avaient une tendance plus marquée à présenter des compulsions de nourriture en deuxième partie de journée.
Plusieurs hypothèses complémentaires pourraient expliquer ce constat:
- la première explication est que les gros consommateurs de light sont dans un contrôle excessif de leurs apports alimentaires ce qui induit chez eux un non-respect de leurs besoins de base (gestion de la faim, satisfaction). Le contrôle faisant ici le nid des pertes de contrôle.
- la seconde explication repose sur le fait que le sucre entraîne une élévation de la glycémie favorisant une synthèse adaptée de sérotonine, neuromédiateur indispensable à la régulation de l'humeur et de l'appétit. Nous pouvons imaginer qu'en répondant au envie de sucre par un édulcorant le cerveau n'obtient pas la réponse qu'il attendait. La carence en sérotonine s'installe...augmentant de manière proportionnelle les envies de sucres...
- enfin la consommation d'aspartame entraîne une élévation dans le cerveau du niveau du phénylalanine, un acide aminé naturellement présent dans l'encéphale. Or des niveaux excessifs de cette molécule peuvent amener à une décroissance du niveau de sérotonine conduisant à des désordres émotionnels (irritabilité, impatience...) et...une augmentation de l'envie de sucre.
Selon moi il semble donc pertinent, même lorsque l'on souhaite gérer son poids, de manger de vrais aliments, y compris du sucre. Finir son repas sur une douceur, quand l'envie s'en fait sentir, permet de répondre d'une manière adaptée à nos besoins qu'ils soient émotionnels (nous avons besoin de prendre du plaisir sur nos repas) ou neuro-physiologiques (synthèse de sérotonine).
Bonjour Mr Saffer, mon enfant de 4 ans ne mange pas le matin.
Certains nutritionnistes considèrent ce repas comme capital. Ma diététicienne considère quand à elle que les enfants savent s'écouter et se réguler et que s’ils n'ont pas faim le matin c'est qu'ils n'ont pas besoin de manger. Quel est votre avis sur le sujet?
Ma réponse:
Votre diététicienne a raison, l'écoute des sensations alimentaires est importante. Il est indispensable pour un enfant de reconnaitre sa faim et de la respecter.
D'un autre côté le petit déjeuner est un repas très important pour l'équilibre alimentaire. Prendre un petit déjeuner est associé à un meilleur apport en de nombreuses substances nutritionnelles précieuses (vitamines, minéraux...).
Des études récentes ont également mis en évidence que la prise de ce repas était corrélé à des effets positifs sur la performance cognitive, la mémoire, l'attention et la créativité. En gros les enfants scolarisés ont davantage intérêt à prendre un petit déjeuner que de si soustraire.
Dans les pays latins nous avons une chronologie de la prise alimentaire qui repose sur un système éducatif qui amène l'enfant à "avoir faim au bon moment" ; avoir faim le matin résulte donc d'un apprentissage.
Dans le cas de votre enfant il est peut-être intéressant de se poser la question suivante : comment aider avec bienveillance notre enfant à prendre ce repas?
Voici quelques pistes qui vous seront peut-être utiles:
- Se donner du temps. Acquérir un nouveau comportement demande du temps. En étant trop pressé vous risquez de mettre une pression contre-productive à votre enfant.
- Créer un cadre propice. Les enfants ont besoin de temps le matin. Il convient de pouvoir consacrer au moins 20 minutes à ce repas. Pour cela il convient d'être bien organisé, de ne pas se lever au dernier moment...
- Inviter l'enfant à goûter une bouchée sans le forcer et sans auncune pression, ce repas doit rester agréable, convivial
- Donner l'exemple. Les enfants sont plus susceptibles de manger le matin si, dans leur famille, les adultes prennent aussi leur petit déjeuner
- Proposer, dans un premier temps, des aliments appréciés par l'enfant
- Commencer par prendre un petit déjeuner en famille le week end
- Alléger légèrement le dîner afin que votre enfant ait un peu faim le matin
Bien évidement cette liste n'est pas exhaustive, il est possible que vous trouviez vous même vos solutions. L'important est de placer la bienveillance au cœur de votre démarche.
bonne journée
Florian
Nous oublions trop souvent que pouvoir s'hydrater librement est un luxe.
S'hydrater permet à notre corps d'être en vie, de fonctionner à 100% de ses capacités.
Lorsque notre corps manque d'eau il nous le fait savoir en générant chez nous la sensation de soif, lorsque nous répondons à ce besoin vital notre organisme se réjouie de cet apport.
Bien souvent nous sommes coupés de nos sensations (et de notre corps), nous percevons la soif uniquement lorsqu'elle se situe à un niveau très haut. D'autres personnes plutôt qu'être dans l'écoute fonctionnent avec des règles rigides "il faut boire 1,5 Litre par jour". Ces règles peuvent être utile mais elles peuvent nous couper de nos vrais besoins. En effet le besoin en eau varie considérablement d'un jour à un autre. La seule façon d'être convenablement hydraté et de porter attention à ses sensations de soif et d'observer les besoins de son corps.*
L'autre remarque que je peux émettre est que bien souvent nous buvons en pilotage automatique, sans porter attention aux sensations que peut nous apporter un verre d'eau.
Je vous propose donc dans les semaines à venir de porter attention à deux choses:
- votre sensation de soif régulièrement dans la journée
- aux sensations que vous éprouvez en buvant : est-ce frais?, tiède? agréable?...
Bonne méditation
(* cette recommandation ne s'applique pas aux personnes âgées, qui, elles perçoivent la soif trop tardivement. Il est donc recommandé aux séniors d'anticiper la sensation de soif en s'hydratant régulièrement dans la journée)
Comme je l'ai déjà évoqué à de nombreuses reprises sur ce blog, la compassion et la bienveillance envers-soi sont les pierres angulaires d'un changement de comportement alimentaire durable.
Cette compassion envers-soi n'est pas toujours naturelle et demande donc d'être entraîné.
Régulièrement j'invite mes patients à remplir un petit journal de la #bienveillance envers-soi.
Comment si prendre?
Noter chaque jour une pensée dure, une critique ou encore un jugement envers-soi. Puis dans un second temps se mettre dans la peau de votre meilleur ami et inscrire quelques mots de gentillesse et de réconfort envers-soi.
Réflexion du jour: l'#orthorexie peut en partie s'expliquer par l'individualisation de notre société. L'omnivore soumis à la nécessité de diversifier son alimentation est forcement soumis à la peur de l'intoxication. Cette tension est canalisée par l'intégration de l'homme à une culture (choix des aliments, préparation, rituels collectifs...) et c'est grâce à ces règles que l'Homme peut trouver la paix.
Par exemple, la cuisine préparée par ma mère est rassurante car j'ai inconsciemment intégré qu'elle maîtrisait les règles permettant de produire une cuisine saine. Cette nourriture me rassure d'autant plus que toute la famille s'en réjouie et s'en régale.
Le mangeur seul est davantage exclut de cette culture, il mange davantage de produits industrialisés qui n'ont pas d'histoire et qui n'ont pas été "sécurisés" par les rituels collectifs. Ce mangeur est en fait réduit à un simple consommateur et se trouve donc rarement totalement satisfait/apaisé par le repas.
Le mangeur seul peut également adopter des comportements rigides afin d'obtenir (en vain) un peu d'apaisement. Il mange bio, supprime lait et gluten, se méfie des graisses saturées...ces comportements de type orthorexique ont d'ailleurs comme effet paradoxale d'augmenter son exclusion sociale dans la mesure où son mode alimentaire est incompatible avec un repas convivial comportant pain, fromage et autres mets diabolisés.
Monique est persuadée que la chose la plus importante pour elle est de perdre du poids, cela prend tellement de place qu'elle se déconnecte des choses vraiment importantes pour elle. Elle s'isole beaucoup, refuse les invitations par peur de grossir et par peur d'être jugé...sa vie est réduite à gérer son poids. Tout se passe comme si son cerveau émotionnel avait activé le mode "c'est très grave" face à ses légères rondeurs. Quand ce mode "c'est très grave" s'active le problème détecté (en l'occurence les petites rondeurs de Monique) devient une priorité à traiter, toute l'énergie est alors mobilisé pour résoudre ce problème. La thérapie d'acceptation vise justement à prendre de la distance avec cet emballement de notre cerveau émotionnel.
Le petit exercice suivant est souvent très utile pour favoriser cette prise de distance.
Praticien:
"Imaginons Monique que nous nous projetions dans le futur, dans 40 ans pour vos 80 ans. Vous avez invité toutes les personnes qui comptent pour vous: vos enfants, vos petits enfants, vos amis proches...
Pour vous rendre hommage votre fils a préparé un discours "je voulais rendre hommage à ma mère Monique qui a toujours réussi à être mince".
Votre meilleure amie enchaine par un second discours "ma chère Monique je suis tellement fière d'avoir connu une femme comme toi si douée pour gérer son poids, ce que je retiens de toi c'est que tu as toujours eu de la volonté pour gérer ton poids".
Votre petit fils de 8 ans enchaine avec ses mots d'enfants "ma mamy c'est la meilleure pour faire des régimes c'est pour ça que je l'aime".
Que penseriez-vous Monique de cette formidable journée?"
Monique :
"je serais vraiment déçu qu'il n'est retenu que ça de moi?
Praticien: "êtes vous toujours aussi sur que ce qui compte le plus pour vous soit votre poids?"
Monique: non
praticien:
"et qu'aimeriez-vous entendre?"
Cet exercice de projection dans le futur permet bien souvent de prendre conscience que la gestion du poids n'est pas la priorité pour avancer dans une vie qui a du sens. De nouvelles priorités émergent comme être une amie disponible, une mère aimante, une personne engagée dans des causes nobles...
Dans les pays riches où la nature est abondante et bon marché nous avons tendance à oublier que manger à sa faim tous les jours est un luxe. Cette abondance contribue à nous faire manger en "mode automatique", elle nous transforme en consommateurs.
Dans un travail axé sur la pleine conscience et les valeurs il me semble important de prendre en compte cet aspect. Je propose régulièrement à mes patients de manger en conscience c'est à dire focalisé sur leurs sensations mais également sur les émotions associées au fait de pouvoir satisfaire ce besoin vital. Je propose également d'amener un peu de gratitude autour de l'acte de manger.
Cette gratitude peut, par exemple, être destinée à la nature qui nous permet de déguster des fruits juteux, à la personne qui a cuisiné le repas avec amour, à l'artisan qui à réaliser un produit de qualité ou simplement à la vie qui nous offre toutes les conditions pour nous nourrir de manière respectueuse.
Selon moi, manger avec gratitude permet de redonner du sens à l'acte alimentaire, cela rend le repas plus précieux, chaque bouchée devient alors une source d'énergie nutritionnelle mais également émotionnelle. Notre âme est alors autant nourrie que notre corps.
Ce rituel de gratitude est d'ailleurs présent dans de nombreuses religions. Les catholiques dans leur rituel de bénédiction du repas accordent une place centrale à la gratitude.
"Seigneur notre Dieu, dans ta bonté de Père
Tu viens en aide à tes enfants ;
Bénis-nous et bénis ces dons
Que nous recevons de ta bonté comme nourriture,
Et accorde à tous les peuples
De bénéficier des dons de ta providence.
Par Jésus, le Christ notre Seigneur.
Amen."
Ce rite n'est pas l'apanage des catholiques, les musulmans ont également l'habitude de remercier Dieu à la fin du repas.
Bien évidemment la gratitude est centrale dans l'acte alimentaire chez les bouddhistes. Le moine Thich Nhât Hanh propose, pour les repas, la contemplation suivante
1- Cette nourriture est le cadeau de tout l’univers : de la terre, du ciel, de la pluie, et du soleil.
2- Nous remercions tout ceux qui ont fait cette nourriture. En particulier les fermiers, les marchands, et les cuisiniers.
3- Nous mâchons la nourriture lentement afin de la savourer.
4- Cette nourriture nous donne de l’énergie afin de pratiquer pour avoir plus d’amour et plus de compréhension.
5- Nous mangeons cette nourriture afin d’être sain et heureux, et de nous aimer comme une famille.
Chers lecteurs que vous soyez athées, agnostiques ou croyants je vous propose d'observer s'il est possible pour vous de laisser un peu de place à la gratitude lors de votre prochain repas.
Karine mange son sandwich en pensant à son cours de math.
Annie mange son dîner en étant captivé par son programme TV préféré.
Sylvie mange en étant focalisé sur sa fille qui n'a rien touché au repas.
Jean-Louis avale son déjeuner en ruminant ses problèmes.
Elise prend son déjeuner en envoyant des mails depuis son blackberry
Jen engloutie un paquet de bonbon tout en étant embarqué par sa culpabilité.
Quel point commun entre toutes ses histoires? Aucun ne porte vraiment attention à ce qu'il fait.
En mangeant avec peu d'attention le système de régulation de la prise alimentaire ne fonctionne pas de manière optimale. Concrètement, Karine risque de ne pas être rassasiée par son sandwich et d'ajouter dans l'après midi une barre chocolatée pour combler sa faim. Annie risque de manger des portions trop importantes sans même sans rendre compte.
Quand à Jen, il semble qu'elle mange pour se réconforter. Or en étant peu présente au moment présent elle risque de ne pas trouver le réconfort qu'elle recherche et donc de manger trop.
Revenir au moment présent, aux sensations, à la perception de nos besoins et à leur satisfaction me semble être au cœur d'un travail de fond visant à acquérir une relation saine avec soi et la nourriture.
Belle journée