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Paul a 15 ans et souffre d'un léger surpoids, il est gourmand, mange vite et a, comme tous les jeunes de son âge, une
attirance marquée pour la malbouffe. Cela préoccupe beaucoup sa maman; le surpoids de son enfant active chez elle des peurs terribles "mon enfant risque d'être rejeté", "si nous n'agissons pas il
va devenir diabétique comme sa grand mère"...ces peurs se traduisent chez elle par une surfocalisation sur l'assiette de son fils, tout ce que mange Paul est scruté, le moindre écart est
diabolisé... Paul se sent fliqué, infantilisé ce qui génère chez lui beaucoup d'irritabilité, nervosité qui le pousse à manger pour se calmer. Il éprouve également un fort sentiment d'injustice,
Justine sa soeur cadette de 13 ans qui elle, naturellement très mince, s'ampiffre de bonbons...sans avoir à subir de pression. Justine ne comprend pas pourquoi son frère est contrarié par cette
situation ce qui génère une dégradation de leur relation. L'ambiance à table est mauvaise et le repas n'est plus associé à la convivialité d'autant.
Le stress associé à ce contexte de tension familiale fait que Paul ne perd pas de poids ce qui entretient chez lui le
sentiment de ne pas avoir d'emprise sur son comportement alimentaire. Bien évidemment ce sentiment est associé à une énorme culpabilité. Cette absence de résultat vient majorer l'anxiété de sa
maman... En réponse celle-ci amplifie le problème en ajoutant "un peu plus de la même chose"* (en l'occurrence de la pression).
Le serpent se mord la queue et chaque morsure est de plus en plus douloureuse...
* expression utilisée par le psychologue Paul Watzlawick.
Quelles solutions apportées à cette famille?
Dans un cas comme celui-ci plusieurs pistes me semble intéressantes à explorer.
- Encourager cette famille à replacer la convivialité au coeur des repas. Un repas convivial a un impact positif sur l'humeur et il semble difficilement concevable que le changement attendu se produise dans une ambiance tendue.
- Valider l'anxiété de la maman et recadrer la situation : cette anxiété est le signe que cette maman a la volonté d'aider son fils. La pression qu'elle met sur son fils n'est finalement qu'une maladresse. Il me semble important que Paul ait conscience de cela. Ce recadrage permet d'envisager toute cette pression comme un acte d'amour.
- Mettre en avant que dans ce cas la solution "mettre la pression" est une partie majeure du problème et que cette solution va à l'encontre même de l'intention de la maman de Paul (aider son fils avec bienveillance)
- Inviter la maman de Paul à imaginer le ressenti de son fils (l'empathie est une clef ici importante)
- Inviter cette maman à réfléchir à l'attitude bienveillante qu'elle pourrait adopter pour aider son fils. Cette attitude bienveillante servira alors de boussole indiquant la direction dans laquelle avancer
- Inviter cette maman à prendre en compte le "feed back", c'est-à-dire la fonctionnalité des comportements. Pour faire simple observer ce qui marche et ce qui ne marche pas pour avancer dans la direction de la bienveillance.
Par exemple : observer que les remarques négatives rendent Paul irritable est un feed back indiquant que l'attitude n'est pas fonctionnelle.
A l'opposé, prendre conscience que le comportement "valoriser Paul" lui permet d'être plus motivé est un feed back positif
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Quelle la meilleure façon d'inclure à un enfant les bases d'une alimentation saine?
Lui remplir la tête de messages nutritionnels? Manger 5 fruits et légumes, éviter le fast-food...?
Il semble que cette approche a ses limites. La transmission d'informations n'a qu'un impact limité sur les changements de comportements. (les fumeurs ignorent-ils que "fumer tue"?...)
Quelles autres solutions alors?
De nombreux travaux ont mis en évidence qu'un rapport sain avec la nourriture était fondamental. Concrètement manger et
préparer le repas doivent être des moments plaisants.
Certains spécialistes, comme la psychologue du goût Nathalie Rigal, conseillent aux parents d'impliquer les enfants dans la
préparation du repas.
Inviter un enfant à remuer une sauce, à éplucher un oignon, à mélanger une pâte à crêpe...permet à l'enfant d'être dans le
respect du produit.
Cela crée chez eux une curiosité propice à de nouvelles expériences gustatives (les enfants ayant participé à la
préparation de légumes ont davantage tendance à en manger).
De plus, il est évident que lorsque nous respections un plat nous avons tendance à le manger plus lentement, en le
savourant ce qui est propice à l'écoute des sensations alimentaires.
A lire d'urgence : La naissance du goût de Nathalie Rigal
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