Des recherches ont montré que, jusqu'à l'âge de cinq ans, les enfants ont une très bonne capacité de régulation de leur prise alimentaire. Par exemple si on leur sert de très grosses portions de lasagnes, ils s'arrêtent d'en manger dès qu'ils n'ont plus faim. Dans ce mode de fonctionnement instinctif la satiété est indépendante d'éléments extérieurs comme par exemple la taille des portions, l'heure du repas, la disponibilité de la nourriture...
Passé 5 ans les enfants ont tendance à davantage se fier à des éléments extérieurs à leurs sensations internes comme la faim et la satiété. Tout se passe comme si la régulation naturelle et instinctive de leur prise alimentaire se déréglait.
Cela explique que les problèmes de poids chez les enfants apparaissent souvent à cette période de la vie. Les enfants en surpoids connaissent souvent une prise de poids trop rapide (que nous appelons "rebond précoce") vers l'âge de 5 ans.
Il est difficile de savoir si cette dérégulation est génétique ou consécutive à l'influence de l'éducation de l'enfant. Mon avis personnel est que cette dérégulation est double:
- certains enfants semblent avoir une tendance naturelle à la gourmandise (manger goulument, se resservir par gourmandise, avoir envie de manger lorsqu'un aliment appétissant est sous leurs yeux...)
- cette tendance à "surmanger" est favorisée par le style éducatif. Des travaux montrent que l'attitude parentale joue un rôle majeur dans la constitution du surpoids chez l'enfant. Parmi ces facteurs la fréquence de l'offre alimentaire ainsi que les encouragements verbaux à manger sont considérés comme des éléments prépondérants.
Ces travaux et ces constats cliniques nous apprennent donc plusieurs choses. Si un enfant a tendance à grossir plusieurs mesures permettent de l'aider:
- limiter les stimulations visuelles: ne pas laisser les aliments appétissants à porter de vue. Surstimuler l'enfant risque de manger sans faim
- contrôler l'environnement : ne pas laisser les friandises, biscuits... dans un placard très accessible.
- Inviter l'enfant à différencier la faim de la gourmandise. Une mesure simple consiste à demander à l'enfant de se servir une portion adaptée à son niveau de faim.
- Ne pas resservir l'enfant. Même si cette mesure est parfois frustrante pour l'enfant, il faut bien constater que dans la très grande majorité des cas la deuxième portion est pour la gourmandise (et non pour combler la faim).
- Cesser tout forcing à finir l'assiette
Même si ces mesures peuvent paraître simples elles permettent souvent une réduction du nombre de calories ingérées (en réduisant l’excès dû à la gourmandise).
Toutefois même si ces recommandations semblent faciles à mettre en place elles peuvent être source de frustration chez l'enfant. Cette frustration est naturelle. Une attitude parentale constructive pourrait consister à valider avec le plus de douceur et d'empathie les difficultés et la frustration rencontrées par l'enfant ("je comprends mon chéri que tu trouves ça injuste de ne pas pouvoir te resservir"). Autre attitude positive : valoriser verbalement les efforts réalisés par l'enfant. Cela paraît évident mais il faut constater que tous les parents du monde (et je m'inclus dedans) ont tendance à se focaliser sur les difficultés et les erreurs.