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13 octobre 2011 4 13 /10 /octobre /2011 09:31

L’obésité est aujourd’hui un problème de santé publique majeur. L’alimentation est aujourd’hui très disponible et accessible, ce qui nous expose à risque accru de surconsommation énergétique. Cet article a pour vocation de mettre en avant des comportements appropriés permettant de ne pas « surmanger ».

 

L’obésité infantile est aujourd’hui un problème de santé publique majeure dans l’ensemble des pays industrialisés. La France fait partie des pays ayant fait le choix d’opter pour une véritable campagne de prévention,  depuis 2001, le Programme national nutrition santé (P.N.N.S.) a pour objectif d'améliorer la santé des Français en agissant sur l'un de ses déterminants majeurs : la nutrition. L'un des objectifs du P.N.N.S. est d'interrompre l'augmentation du nombre d'enfants et de jeunes en situation de surpoids. 
Nous aborderons dans le présent article les causes et les conséquences de l’obésité mais également un ensemble de recommandations comportementales adéquates pouvant compléter les recommandations nutritionnelles du PNNS.

 

1 – Obésité, surpoids, une véritable problématique de santé publique

 

 

Nous sommes face à un constat assez inquiétant : 18% des enfants vivant en France ont un poids trop élevé (1). On estime qu’une grande majorité d’entre eux le gardera à l'âge adulte.

 

Ce surpoids n’est pas sans conséquences ; il est clairement établi aujourd’hui que le surpoids augmente le risque de maladies de civilisation comme les maladies cardio-vasculaires ou les cancers.

 

L’épidémie d’obésité que connaît le monde occidental fait même que le diabète de type II, qui autrefois était une pathologie de l’age mûr, gagne de plus en plus de terrain chez les jeunes adultes. Précisons que le diabète se caractérise par une hyperglycémie chronique altérant l’ensemble des vaisseaux de l’organisme augmentant par ce fait le risque de maladies cardio-vasculaires, d’insuffisance rénale ou encore de cécité.

 

D’une manière générale, l’excès de poids a une influence importante sur l’espérance de vie : les individus obèses ayant un indice de masse corporel compris entre 30 et 35 ont une espérance de vie plus courte de 3 ans, et ceux ayant un IMC dépassant 35 connaissent une réduction de leur espérance de vie de 10 ans (2) . Certains travaux laissent même entendre qu’un enfant obèse dès son enfance a une espérance de vie réduite en moyenne de 13 ans.(3)

 

La stigmatisation de l'obésité peut être également à l'origine de troubles graves : être obèse est  un facteur de risque de souffrance psychologique (dépression) notamment chez la femme (4). Une étude américaine a récemment mis en évidence que l’obésité était l’un des principaux facteurs de discrimination au travail.(5)

 

Contenu des complications médicales et psychosociales que peut causer un surpoids, la nécessité de prévenir cette maladie chez nos enfants paraît pressante.

 

 

2 - Le surpoids : une interaction gène/environnement

 

Nous savons aujourd’hui que l’obésité  est un état physiologique résultant de la rencontre de facteurs génétiques et d’un environnement défavorable.

 

Prendre du poids nécessite donc une susceptibilité génétique, mais celle-ci ne s’exprimera que dans un environnement propice.

 

2-2 Les principaux facteurs environnementaux

 

2-2-1 -le manque d’activité physique.

 

Plus un enfant est sédentaire, plus il  a de risque de développer des problèmes de poids.

Notre confort actuel fait que nous dépensons de moins en moins de calories ; il en est de même pour nos enfants.

 

Le nombre d’études mettant en évidence un lien entre le temps passé devant la télévision ou les jeux vidéo et le risque de prendre du poids est nombreux.(6)

 

2-2  -2 Les excès alimentaires

 

La principale fonction de l’acte alimentaire est de combler la sensation de faim. Manger est avant tout une fonction vitale.

 

Or dans nos sociétés d’abondance nous mangeons souvent bien au-delà de notre faim ou sans avoir faim. Simplement parce que la nourriture est là, accessible : il suffit d’ouvrir le placard de la cuisine ou au pire de se déplacer à la boulangerie au coin de la rue pour pouvoir manger.

 

Aujourd’hui Manger sert autant à calmer notre ennui, à nous occuper, à nous procurer rapidement du plaisir, à nous réconforter qu’à nous nourrir.


Des travaux de neurosciences montrent clairement que lorsque nous mangeons des aliments à palatabilité haute notre cerveau sécrète des quantités élevées de dopamine, le neurotransmetteur du plaisir.(7) Manger du chocolat génère les mêmes effets sur notre cerveau que recevoir un baiser ou se faire masser dans un institut de soin !
La seule différence est que manger ne demande pas de partenaire, ni de gros moyens financiers.

 

Cette explication neurobiologique explique pourquoi certains enfants et adolescents se comportent comme des addicts à la junk food : manger devient pour eux une habitude inscrite dans leur cerveau visant à relever leur niveau de dopamine. Malheureusement cela les conduits à « surmanger »

 

Notons également que la taille de nos portions alimentaires a une influence majeure sur la quantité de nourriture que nous mangeons. Plus les portions que l’on nous sert sont importantes, plus nous mangeons.(8)  Or la taille des portions d’aliments n’a cessé d’augmenter dans les pays industrialisés. A titre informatif, la taille XL des menus de fast-food français correspond à des portions normales aux Etats-Unis. Est-il nécessaire de rappeler que 32% des 2-19 ans sont en surpoids ou obèses dans ce pays ?

 

 

Certains spécialistes de la génétique considèrent que nous ne sommes pas adaptés à cette abondance de calories.

Précisons que nous possédons à 0,02 % près les mêmes gènes que nos aïeuls préhistoriques ; le fait de pouvoir facilement faire des réserves énergétiques (sous forme de graisses) en cas de chasse fructueuse était une nécessité pour pouvoir survivre à de longues pénuries de nourritures.
Nos « gènes préhistoriques » expliquent également l’appétit de nos bambins pour les aliments industriels sucrés, salés et gras. Autrefois, les matières grasses procuraient à nos ancêtres les réserves énergétiques indispensables pour subsister à la famine. En retenant l’eau, le sel leur évitait de se déshydrater trop rapidement. Quant au sucre, il leur permettait de différencier les fruits comestibles des autres.

 

Ces gènes qui nous ont permis pendant des milliers d’année de nous adapter à un environnement hostile constituent une hypothèse cohérente dans la compréhension des mécanismes expliquant l’épidémie de surpoids que connaissent nos sociétés d’abondance.

 

 

3- Adopter de bons comportements

 

La majorité des campagnes de prévention du surpoids chez l’enfant a consisté à assurer la promotion d’aliments à densité énergétique réduite (fruits, légumes…) et à mettre à l’index les aliments à haute densité énergétique (aliments sucrés et/ou gras). (9)


Dans le cadre d’une prévention globale du surpoids, il semble pertinent d’ajouter à ces conseils nutritionnels des recommandations portant sur de bons comportements à adopter.
 

 

3-1 L’importance des rythmes

 

Faire 3 vrais repas et une collation en milieu d’après midi correspond au rythme idéal pour gérer sa faim. Sauter le petit déjeuner ou la collation de 17h augmente fortement le risque d’avoir trop faim au repas suivant et donc de manger trop.


3-2 Fixer des règles

Tout professionnel ou éducateur de santé doit rappeler aux parents que l’acte alimentaire doit être ritualisé et ainsi répondre à des règles bien précises.

 

Voici quelques règles de bases essentielles

 

-          il est interdit de manger en dehors des repas, et ceci même si l’enfant a peu mangé au repas.


- dans la mesure du possible, les repas doivent être pris en famille et à table. Cette ritualisation du repas est fondamentale.


- Chaque plat prévu doit être au moins goûté systématiquement (pas de forcing pour autant! Le repas doit rester un moment agréable, le forcing va à l'encontre de cette règle).

 

- Toute la famille doit prendre le repas au même rythme.


- C'est au parent de décider du repas, pas à l'enfant ou à l’adolescent. Il va de soi que les repas doivent comporter des plats qu’ils affectionnent mais ceux-ci doivent être intégrés à de vrais repas structurés et équilibrés.

 

3-3 Prendre le temps de manger et de déguster

 

 La satiété (le fait de n’avoir plus faim) est une sensation se mettant en place progressivement au cours du repas. Lors d’un repas, le cerveau reçoit un grand nombre d’informations : nerveuses (distension gastrique), hormonales (sécrétion d’hormones par l’intestin) mais aussi sensorielle (baisse du plaisir à manger). Ces mécanismes de régulation ne sont pas instantanés ; il est clairement admis que pour être convenablement rassasié, le temps de repas doit dépasser 20 minutes.


Selon une étude publiée dans le British Medical Journal, manger rapidement et jusqu’à être repu triple le risque de devenir un jour en surpoids ! (10)


Pour arriver à ce temps de repas il est conseillé d’apprendre aux enfants à poser leur fourchette toutes les 3 bouchées, et à mâcher convenablement chaque bouchée.

La restauration scolaire doit également intégrer cet élément. Les rotations nécessaires dans les cantines de type self imposent souvent aux élèves de manger trop vite.

 

Eduquer les enfants à déguster est également fort pertinent.  En se concentrant sur le plaisir à manger, l’enfant prend conscience que lorsque l’on mange un aliment riche comme un gâteau ou du chocolat, le plaisir est intense sur les premières bouchées et diminue ensuite assez rapidement.

 

3-4 Servir des portions adaptées

 

Gardons à l’esprit que des portions d’enfants doivent être inférieures à des portions d’adultes.

 

Le steak de 120g est une portion adaptée à un lycéen de 15 ans mais correspond à une double portion pour un enfant de 6 ans !

 

Les recommandations nutritionnelles à destination de la restauration scolaire (le Groupe d'Etude des Marchés Restauration Collective et Nutrition) préconisent d’ailleurs des grammages adaptés aux différentes tranches d’age.

 

Pour les repas pris à la maison, afin de servir des portions adaptées, il parait pertinent que les parents évaluent la faim de leur enfant. (Comment as-tu faim ?).

 

3-5 Apprendre aux enfants à sortir de table rassasié mais non repu

 

Beaucoup de parents imposent à leurs enfants de systématiquement finir leur assiette.

 

Or cette habitude va à l’encontre du bon sens. En effet, cette consigne habitue l’enfant à manger plus que sa faim ce qui peut conduire à une prise de poids. Imposer à un enfant de finir son assiette, c’est le détourner de son système de régulation énergétique basé sur les sensations alimentaires (faim, rassasiement, satiété).

 

Prenons l’exemple d’un enfant qui devant son assiette de pâtes, dit ne plus avoir faim. Cela signifie qu’il est rassasié pour ce plat. Cela ne signifie pas pour autant qu’il est totalement rassasié, il est possible que cet enfant est encore faim pour un yaourt ou un fruit : au cours d’un repas nous sommes rassasiés plat par plat (on parle de rassasiement sensoriel spécifique) pour ensuite être totalement rassasié en fin de repas (rassasiement global).

 

3-6 Méfiance sur l’alimentation « consolante »

 

Beaucoup de parents ont constaté que les sucreries étaient idéales pour calmer un enfant. Or habituer un enfant à manger pour se calmer n’est pas sans conséquences. Manger risque de devenir pour eux leur seule stratégie de réconfort, ce qui risque de les faire surmanger et donc prendre du poids.

 

Beaucoup d’adolescents mangent pour combler l’ennui ou sous l’effet du stress lié aux études. Manger sous l'influence d’émotions n'a rien d'anormal, c'est un comportement fréquent que nous avons tous tendance à suivre de temps en temps. Le problème survient lorsque les habitudes alimentaires induites par ces émotions prennent le dessus sur une alimentation saine et variée. Il parait de bon sens d’inviter les parents de ces adolescents à les faire réfléchir sur leur conduite alimentaire (Es-tu sur d’avoir vraiment faim ? J’ai l’impression que ces temps tu manges un peu pour te calmer) mais aussi à les aider à trouver d’autres stratégies d’apaisement que la nourriture (sport, activité artistique…).

 

Conclusion

 

Compte tenu de l’étiologie plurielle de l’obésité, il parait probable qu’axer la prévention uniquement sur une problématique nutritionnelle montre ses limites. Aux Etats-Unis, on fait de l'éducation nutritionnelle depuis des dizaines d’années. Les recommandations diététiques sont innombrables. Les obèses aussi ! Le modèle alimentaire Français, très ritualisé (repas à heure fixe, autour d’une table, dans la convivialité…), est un modèle protecteur (11) à préserver.
Il semble très pertinent d’inclure dans la prévention de l’obésité et du surpoids les recommandations comportementales présentées dans le présent article.
Faire attention à sa ligne ce n’est pas uniquement faire attention à ce que l’on mange, c’est également faire attention à comment l’on mange !

 

 

Florian SAFFER - Diététicien
Comportementaliste diplômé
Spécialiste de l'obésité infantile

 

Références bibliographiques

 

(1) : Étude nationale nutrition santé (ENNS), 2006

 

(2)  Body-mass index and cause-specific mortality in 900 000 adults: collaborative analyses of 57 prospective studies, The Lancet, Early Online Publication, 18 March 2009 

 

(3) Samuel H. Preston, "Deadweight? The Influence of Obesity on Longevity", The New England Journal of Medicine 352, no 11 (2005) : 1135-37.

 

(4) M. Coeuret-Pellicer, M.A. Charles, J.M. Borys, A. Basdevant et le groupe d'études FLVS, « Association between obesity and depressive symptoms in general population », Observatoire des habitudes alimentaires et du poids, 2002.

 

(5) R M Puhl, T Andreyeva and K D Brownell Perceptions of weight discrimination: prevalence and comparison to race and gender discrimination in America International Journal of Obesity advance online publication 4 March 2008; doi: 10.1038/ijo.2008.22

 

(6)  Hancox RJ, Poulton R, Watching television is associated with childhood obesity: but is it clinically important?, International Journal of Obesity, 13 septembre 2005.
 

(7) Liebman, Bonnie. Why we overeat, Nutrition Action Healthletter, Juillet/août 2009, vol. 36, no 6, pp. 3 à 6

 

(8)  Rolls BJ, Roe LS, Meengs JS, Wall DE. Increasing the portion size of a sandwich increases energy intake. J Am Diet Assoc. 2004; 104: 367-72.

 

(9) Citons notamment le Programme National Nutrition Santé (PNNS)

 

(10) Maruyama,K.,S.Sato,T.Ohira,K.Maeda,H.Noda,Y.Kubota et al.

«The joint impact on being overweight of self reported behaviours of eating quickly and eating until full: cross sectional survey »,British Medical Journal, 21 octobre 2008

 

(11) Claude Fischler Estelle Masson, Manger Français, Européens et Américains face à l’alimentation, Edition Odile Jacob, 10 janvier 2008

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commentaires

M
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W
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F
<br /> <br /> ben moi je ne suis pas d'accord avec cette connerie qui viserait à uniquement se référer à sensations alimentaires. Une enfant doit apprendre la ritualisation des repas, la rythmicité, les<br /> règles...arrêtons avec l'idée qu'il ne faut rien interdire, sortons de "l'enfant roi". Les interdits ne sont que des limites au possible. Les interdits et les règles sont structurantes et par<br /> essence un enfant à besoin de ce cadre rassurant.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Toujours donner les bonnes habitudes dés tout jeune et ne pas céder aux caprices, même si c'est difficile de dire non quand nos enfants ont faim...<br /> <br /> <br /> Mais àa les habituera à manger tout leur plat à table ;-)<br /> <br /> <br /> Excellent article qui montre bien la situation actuelle.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> c'est exactement ce que je dis à mes patients :)<br /> <br /> <br /> il est important d'expliquer cette nuance.<br /> <br /> <br /> j'ai fait cette remarque car certains pourraient prendre la phrase au pied de la lettre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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