Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 octobre 2015 3 21 /10 /octobre /2015 09:46

Un excellent article de ma collaboratrice Sandrine Donzel avec qui j'ai la chance d'animer une formation destinée aux pros de santé.

 

La question-titre de cet article peut surprendre.

Lorsqu’un enfant a des problèmes avec son alimentation, a fortiori s’il est en surpoids, le diététicien semble à l’évidence la personne la mieux adaptée. Pourtant les diététiciens – et les professionnels de santé en général – ne sont pas à l’abri des pièges induits par les situations incluant des enfants et des parents.

Piège n°1 : croire qu’un enfant fonctionne comme un adulte

Un enfant est généralement compliant avec un adulte, quel qu’il soit. En tout cas, il fait une confiance aveugle aux adultes et il va tout tenter pour appliquer ce qu’on lui demande.

Sauf qu’un enfant n’est pas un adulte et que la différence principale réside dans la prise de recul sur ses émotions et la maitrise de celles-ci. Beaucoup d’adultes ont déjà du mal à résister à un bonbon ou à un carré de chocolat … alors comment imaginer qu’un enfant le peut ?

Parfois il y arrivent au prix d’efforts intenses. Mais ces restrictions cognitives qu’ils ont apprises des adultes risquent fort de les amener à la perte de contrôle qui va suivre quand la restriction deviendra trop dure à supporter … Et alors l’enfant ne remettra pas en question la pertinence des conseils donnés par les adultes : il va plutôt se dévaloriser et essayer encore plus quelque chose qui ne fonctionne pas (j’avais déjà parlé des effets pervers de cette attitude ici.)

Les enfants peuvent apprendre des compétences émotionnelles évidemment …

Encore faut-il connaître le fonctionnement émotionnel en général et celui de l’enfant en particulier et la façon de l’accompagner. Et savoir que leur cerveau ne sera réellement mature sur ce point qu’entre 20 et 30 ans. Autant dire … dans longtemps  !

Avec les enfants, agir sur le contexte est donc essentiel. Et cela ne peut se faire sans l’implication des parents en particulier et de la famille en général.

Piège n°2 : croire que les parents ne savent pas s’y prendre

Parfois cette mobilisation parentale ne pose aucun problème. Au contraire. Les parents arrivent et disent au professionnel de santé :

« Dites-moi ce qu’il faut faire … Je ferai tout ce qu’il faut »

Le rêve du diététicien ou du médecin non ? … Et bien, pas forcément …

Car le professionnel de santé est alors fort tenté de se positionner en expert : il sait ce qui est bon pour l’enfant et il sait comment il faut s’y prendre. En suivant à la lettre les recommandations du professionnel, le problème va évidemment disparaître.

Si ça marche, ce n’est pas le succès du parent mais celui du professionnel de santé. Sur le long terme, le sentiment d’efficacité personnelle du parent en prend un coup : il est le parent incompétent qui a non seulement amené son enfant à être en surpoids mais qui n’a pas su l’en sortir. Et surtout le parent commence à croire que LA bonne solution dans les problématiques alimentaires est unique. Et si le problème revient, il suffira alors d’appliquer les recommandations et zou !

Et si ça ne marche pas – ou pire encore si ça marché et que ça ne fonctionne plus – le parent ne peut que se culpabiliser de son inefficacité à appliquer les consignes pourtant simples et claires du praticien. Ou bien accuser son enfant de ne pas « y mettre du sien ». Et donc là aussi renforcer sa rigidité alors que, simplement, une attitude différente aurait peut-être été nécessaire.

Lorsque l’attitude du professionnel de santé a pour résultat de rigidifier les positions parentales, les parents perdent leur aptitude à s’adapter à l’enfant et à leur contexte familial, social, culturel. Le risque est alors grand de passer à côté de la réalité du problème singulier que pose cette famille en particulier : quid de la personnalité de l’enfant ? De ses compétences relationnelles, émotionnelles (maitrise de soi), de son histoire, … qui pourraient expliquer la situation et aider à la résoudre ? Quid de son environnement familial, des habitudes de vie familiales ? Quid de ses relations amicales, de ses résultats scolaires, … de la vie que mène cet enfant particulier tout simplement ?

Peut-on vraiment aider l’enfant sur le long terme si on ne tient pas compte de ce contexte ?

Piège n°3 : sous-estimer l’impact des valeurs familiales, culturelles … ou celui des émotions et des croyances parentales

« Il va s’affiner en grandissant, il n’y a pas de problème. Et puis chez nous, c’est comme ça : on est des bons mangeurs. »

« Je ne peux quand même pas priver ses frères et sœurs sous prétexte qu’il a des problèmes de poids ! »

« Il a commencé à prendre du poids depuis le décès de sa grand mère, ce n’est pas un problème alimentaire. »

Derrière chacune de ses phrases – et de bien d’autres réponses données par les parents – se cachent des valeurs, des croyances, des émotions qui sous-tendent les relations familiales.

Oublier de tenir compte des émotions et des valeurs – ou sous estimer leur impact … ou tout simplement ne pas les voir – va inévitablement provoquer des difficultés dans l’accompagnement : les consignes proposées ne seront pas tenues avec de plus ou moins bonnes excuses. Là aussi la tentation est grande d’accuser le parent « déraisonnable » ou « qui ne tient pas compte de la réalité  des choses » ou « qui ne sait pas poser des limites  à son enfant ».

Et donc de passer à côté de la solution qui est justement dans la capacité à utiliser et/ou à faire évoluer les croyances familiales et les émotions, celles des parents comme celles des enfants …

Or ces aspects sont souvent peu – ou mal – abordés dans la formation des professionnels de santé tout comme les problématiques alimentaires ne le sont pas – ou peu – dans les formations de psychologue ou d’accompagnant parental.

Mais comment faire ?

Comment faire pour détecter et éviter les pièges qui se présentent dans les accompagnements d’enfants et les accompagnements parentaux en général ?

Quelles attitudes avoir pour impliquer au mieux les familles ?

Comment identifier et accompagner les émotions parentales ?

Comment travailler avec les enfants ?

Et bien d’autres encore …

Les outils autour de la relation et de la gestion des émotions sont aidants – vous en trouverez sur ce blog (dont quelques-uns dans les liens cités plus bas).

Une formation autour de « L’enfant en surpoids » pour les professionnels de santé

Mais évidemment rien de mieux que la pratique pour mieux intégrer les attitudes et les outils aidants dans ces situations …

C’est pourquoi Florian Saffer et moi-même animerons les 9 et 10 décembre 2015 à Paris une formation sur le thème de « L’enfant en surpoids ». Cette formation est destinée à la fois aux professionnels de santé (diététiciens, médecins, …) mais aussi aux accompagnants parentaux (psychologues, coachs parentaux, …). Elle abordera de façon concrète et pratique la complexité des accompagnements familiaux autour des problématiques de surpoids chez l’enfant et permettra aux participants de repartir avec des outils concrets à mettre en oeuvre dans leur pratique quotidienne.

Plus d’informations sur la formation « L’enfant en surpoids » : Formation « L’enfant en surpoids : approche familiale et ACT »

Partager cet article
Repost0

commentaires

 

approche comportementale
60 avenue du médipôle
38300 Bourgoin-Jallieu
0474283998

Le DVD

Articles RÉCents

Le livre sur la matrice ACT

Livre sous la direction de Kevin Polk et Benjamin Schoendorff comprenant un chapitre dédié à l'utilisation de la thérapie ACT dans les troubles alimentaires rédigé par Florian Saffer.
Livre dédié aux professionnels