Dans l’inconscient collectif la pensée selon laquelle pour perdre du poids il faut en baver est profondément incrusté. On a rien sans rien ou la version anglo-saxonne « no pain no gain » sont des adages auxquels beaucoup adhère.
Ce dogme que la volonté et l’autodiscipline sont la clé pour une meilleure santé est d’ailleurs relayé par presque tous les professionnels de santé.
Or beaucoup de travaux de recherche montrent que gérer son poids en étant rigide et avec beaucoup de discipline aboutit souvent à un échec.
Plusieurs travaux ont par exemple montré que les personnes suivant un régime hypocalorique contrôlé ont davantage de risque de manger de manière compulsive lorsqu’elle rencontre des difficultés émotionnelles. D’ailleurs les régimes hypocaloriques augmentent fortement le risque de développer des troubles alimentaires. Tout se passe comme si le cerveau prenait l’habitude de fonctionner sur un mode de fonctionnement alternant contrôle/perte de contrôle.
De plus l’hypercontrôle augmente le sentiment d’insatisfaction corporelle. Plus je me prive pour mincir, plus je me trouve grosse et moche.
Quelle alternative alors ?
Faut-il abandonner toutes tentatives de gérer son poids ? Faut-il donc se résigner ?
Selon mon avis ce n’est pas le fait d’agir sur son poids qui pose problème, c’est l’attitude que nous allons adopter face à cette problématique qui prime.
Généralement être dur envers soi, tout s’interdire, fonctionner avec des règles rigides (« jamais de sucreries »), ou encore de manière dichotomique (réussi/loupé, bon/mauvais) ne peut qu’échouer sur du long terme.
L’alternative à cette attitude tyrannique et rigide serait d’adopter une attitude plaçant la compassions envers-soi au cœur de la démarche.
Etre compatissant envers soi c’est avant tout se comporter avec bienveillance : s’écouter, ne rien s’interdire de manière catégorique, ne pas accumuler de frustration.
Celui qui se comporte envers soi avec compassion sait se pardonner lorsqu’il a un peu trop mangé, cela l’encourage à simplement être plus vigilant le lendemain.
Etre bienveillant et compatissant envers-soi s’est finalement se comporter envers soi en ami.
D’ailleurs si vous deviez conseiller la personne que vous aimez le plus sur terre sur un programme amincissant lui conseillerez-vous de se priver ? de se frustrer ? J’imagine que non. Vous auriez envie que son programme minceur se passe de la manière la plus agréable possible.
Beaucoup de personne assimile la bienveillance au laxisme. Mais que diriez-vous à un ami qui a vidé le frigo suite à un gros stress ?
« tu n’es qu’un nul, tout est fou, tu n’as qu’à continuer à manger » ? J’imagine que non, vous auriez juste envie de dédramatiser la situation et j’imagine que vous l’inviteriez, avec beaucoup de bonté, à reprendre son programme amincissant dès le prochain repas.
Etre compatissant et bienveillant envers-soi s’apparente donc à la meilleure façon d’être persévérant et donc d’arriver à un véritable changement de comportement.
Etre compatissant envers-soi, comme vous l’avez compris, c’est aussi admettre qu’en tant qu’être humain nous sommes régulièrement confrontés aux difficultés et aux échecs et que cela fait partie de la vie de chacun. Etre compatissant envers-soi s’est se réconforter dans ces moments plutôt que de se laisser dominer par les critiques (« je ne suis qu’un nul », « je suis juste bon à me goinfrer »…).
Enfin être compatissant envers-soi c’est aussi admettre que nous n’avons pas une toute puissance sur notre corps. Que nous ne seront peut-être jamais aussi mince et aussi beau que nous l’aimerions. C’est apprendre à vivre avec l’inconfort d’être insatisfait. La compassion envers-soi est donc une attitude favorisant l’acceptation de soi. Une acceptation qui n’est pas synonyme de résignation mais une acceptation qui libère de l’énergie pour pouvoir se consacrer aux choses vraiment importante de l’existence (relation sociale, santé, loisir, spiritualité…).
Un peu de lecture sur la compassion pour soi
S'aimer, se réconcilier avec soi-même
Kristin Neff