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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 15:40

« Lorsque je me retrouve seule à la maison c’est plus fort que moi je me jette sur la nourriture, je m’empiffre, tout se passe comme si je manquais d’oxygène, comme si cette bouffe m’était nécessaire pour ne pas devenir fou, impossible de résister »

 

Ce témoignage m’a été adressé par l’un de mes patients que nous nommerons Paul. Paul connaît ce que l’on appelle des « binge », c'est-à-dire des compulsions de nourritures ; en d’autres termes des envies irrépressibles de manger.

 

Ce n’est pas la faim qui pousse Paul à se goinfrer mais bien une pulsion ; tout se passe comme si Paul était en manque d’une substance et que ce manque générait chez lui une tension insurmontable.

Manger ou plutôt bouffer ici semble n’avoir que cette seule fonction ; le but n’est pas ici de se nourrir ou de se faire du bien. Nous sommes ici bien loin de la gourmandise qui nous fait parfois manger sans faim ou au-delà de notre appétit.

 

Ces « binge » s’apparente plus à une « addiction aux gavages », d’ailleurs d’un point de vue scientifique, les troubles du comportement alimentaire ont beaucoup de similitudes avec les addictions à l’alcool ou aux drogues.

Comprendre comment fonctionne le cerveau des dépendants aux drogues nous ouvre pas mal de piste de travail sur la prise en charge des compulsions alimentaires.

Nous savons que la prise de drogue comme la cocaïne augmente le taux de dopamine dans certaines parties du cerveau (la dopamine est le messager cérébral du plaisir) ; en consommant régulièrement de la cocaïne le cerveau s’habitue à ces taux anormalement hauts d’hormone du plaisir.
Or lorsque les prises de substances sont espacées le cerveau souffre fortement du manque de dopamine, le drogué se sent alors « en manque », concrètement son cerveau est obnubilé par la consommation de drogue. Toutes les pensées tournent autour de la drogue, l'esprit est tiraillé entre le fait d'être abstinent ("il ne faut pas que je craque") et le besoin de substance.

Comme le disait Claude Olievenstein il y a 20 ans dans son livre "il n'y a pas de drogué heureux"!

Les crises de nourriture compulsives répondent en partie aux mêmes mécanismes.

 

Comment aider les personnes qui comme Paul sont victimes de binge?

 

La stratégie la plus adaptée est de proposer un "sevrage boulimique". Plusieurs modes de sevrages existent un sevrage radical ou un sevrage progressif.
Le sevrage progressif consiste à retarder les crises de nourriture, en commençant par une durée courte (3 minutes) et en augmentant progressivement cette durée pour atteindre au bout de quelques semaines une durée de 25 minutes. Dans la grande majorité des cas, une fois les 25 minutes passées la compulsion disparait.
Même si ceci parait simple sur le papier, ce sevrage est d'une violence inouîie, les 5 premières minutes sont souvent associé à un état émotionnel inconfortable (anxiété, irritabilité...) et même parfois à des signes physiques marqués (tremblement, pleurs, sueurs...). En général, j'associe à ce sevrage des exercices  de relaxation ou de méditation thérapeutique (mindfulness).

 

Si comme Paul vous êtes victime de binge, ayez conscience que l'on estime à 3% le nombre de français sujet à ces compulsions. Ne désespérez pas des solutions existent. N'hésitez pas à prendre contact avec un professionnel de santé formé à la prise en charge des troubles de la conduite alimentaire.

 

Florian SAFFER - diététicien - comportementaliste

Etudiant en DU "étude des toxicomanies"

 


 


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