"Vivre au sein d'une culture valorisant l'indépendance et le succès individuel présente un gros inconvénient : celui qui ne parvient pas à atteindre ses objectifs se considère comme l'unique responsable de son échec." (Kristin Neff)
Cette pensée de la chercheuse sur la compassion Kristin Neff résume parfaitement la problématique dans laquelle sont enfermées les personnes en souffrance avec leur poids et leur image corporelle. Notre société sur valorise la minceur et le contrôle de son corps et dénigre tout ceux étant dans l'échec de se contrôle.
En tant qu'humain (et donc d'animaux sociaux) nous avons un besoin naturel de reconnaissance et d'intégration au groupe. Le contrôle du corps par l'alimentation peut donc être perçu comme une tentative de répondre à ces besoins "sociaux".
Le problème est que ce contrôle impose de se couper d'autres besoins fondamentaux comme nos besoins physiologiques (manger à sa faim) et le besoin universel de prendre du plaisir à se nourrir.
Ceux qui ont le plus de volonté arrivent à maintenir cet hypercontrôle corporel au prix de réduire leur vie à une lutte permanente. Cette énergie investie les éloigne souvent d'une vie épanouissante leur permettant de vivre des relations harmonieuses et authentiques avec les autres. Celui qui est "au régime permanent" devient aigri, refuse les invitations par peur de grossir...Il s'éloigne finalement de son objectif initial "être intégré aux groupe". Il peut tirer une éventuelle gratification de cette maitrise du corps car ce corps mince peut alors être considéré par l'entourage comme un signe de réussite et comme un corps désirable. Mais cette image est-elle une condition permettant d'accéder à des relations authentiques et épanouissantes?
Ceux qui ont le moins de volonté (la majorité) sont dans l'échec de ce contrôle excessif et vivent cet échec comme une non confirmité à la triade des valeurs de notre société moderne apparence/opulence/performance. Ce sentiment de non conformité et d'échec coupe leur élan vital qui pourrait les amener à s'engager en direction d'une vie plus large.
La porte de sortie à ce piège consiste peut-être à s'extraire de ces diktats et de se recentrer sur les choses vraiment importantes pour soi (respecter son corps, vivre des relations authentiques avec les autres...). Cela demande de s'accepter imparfait, le meilleur antidote à ce sentiment d'imperfection est certainement l'amour; l'amour que nous recevons des autres et l'amour que nous pouvons nous donner. Kristin Neff parlerait de compassion pour soi.
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